mardi 5 mai 2020

Comme un feedback…

Je vous ai laissé hier en vous écrivant que les rendez-vous - radiophoniques - sont l'un des principes de base de la radio. Fidéliser, au point quelquefois de rendre l'auditeur accroc ou gaga, c'est selon ! J'ai deux ou trois grands rendez-vous avec la radio. Un dans l'enfance, un ou deux comme jeune adulte. Je vous raconte aujourd'hui un de ceux-là.


À Patxoù…
Bernard Lenoir © L. Lorseau















Mai 1978. J'apprends par la radio (France Inter) que le 29 mai à 21h une nouvelle émission de musique va s'installer sur la grille. En pleine fin de saison ? Bigre ! Dans ma p'tite tête d'auditeur très assidu à cette chaîne, je ne peux pas louper ce RV-là ! Or je sais depuis quelques jours que le 29 mai à 21h je serai sur une route en France et, que dans ma 4L Safari verte il n'y a pas d'autoradio. Qu'à cela ne tienne. J'emporte mon transistor et On the road again.

Je roule. Il fait jour et le bitume défile. Je m'arrête à 20h55 près d'un passage à niveau. J'éteins le moteur, entends la désannonce de l'émission qui se termine. Écoute distraitement le flash de 3' et là j'entends une voix pas très familière : "Bonsoir, je voudrai remercier José Artur de m'avoir fait confiance toutes ces années pour la programmation musicale du Pop-Club et d'avoir proposé à la direction que j'anime cette nouvelle tranche…" S'en suit la guitare déchirée de Van Halen et son Eruption et la première annonce "Feedback, c'est Bernard Lenoir, bonsoir…"

C'est inoubliable. La preuve, je n'ai pas oublié. Après, ça a été plus difficile que les ondes pénètrent la 4L. Mais j'avais entendu le principal. Cette hommage pudique et reconnaissant au pape du Pop. Artur avait demandé à interrompre le Pop-Club (qu'il animait depuis 1965 et qui reprendra à la prochaine saison) et il voulait que Lenoir qui programmait la première heure du Pop à 22h se lance et prenne l'antenne. C'était pas gagné ! Lenoir farouche ne voulait rien entendre. Pas de micro !

Il aura fallu le tact et la volonté d'un Pierre Wiehn (directeur d'Inter, 1973-1981) pour que Lenoir finisse par accepter. Quant au titre en anglais, pour que ça passe, Wiehn l'a vendu comme Fils de Bach et… roule ma poule ! Lenoir a animé les débuts de soirée d'Inter jusqu'en 2011. Je l'ai rencontré à deux reprises au Pays Basque (voir sur Radio Fañch) et ça a été de très bons moments. Pour moi, la radio ça a toujours été intimité et complicité. Et un jour, et ça je ne l'aurais jamais imaginé, j'ai fini par rencontrer ceux qui m'ont fait tant rêver. Certains sont devenus des amis. 

La radio cette galaxie inatteignable, je l'ai atteinte avec les yeux émerveillés de l'enfance et, le rêve est devenu réalité.
(À suivre)

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