"Quand j'étais môme / La musique coulait comme du miel / A Europe Un / Sur les copains…" Léo (Ferré) chantait ça au début des 60' et moi quand j'étais môme j'avais en rentrant de l'école ce repère presque immuable à 17h et ce jingle entêtant "SLC-Salut Les Copains…". C'était pas un rite, j'étais bcp trop jeune, mais sûrement une façon de compenser l'absence d'adultes à la maison et puis ça chantait, alors…
Alors ça rendait plus légère la journée qui n'avait que trop duré à l'école. Les chansons étaient entêtantes aussi puisque Lucien Morisse, directeur artistique de la station, avait repris la formule en vogue aux États-Unis, matraquer un disque et le passer jusqu'à huit fois par jour à l'antenne. J'avais pas trop envie de chanter du Sheila, Clo-Clo, Hardy ou Dutronc. Mais deux ou trois ans plus tard la scie de "J'entends siffler le train" ne m'a pas loupé. Kriss non plus qui l'évoquait là !
Comme le raconte Michel Brillé à Sonia Devillers, cette émission était incontournable pour les jeunes. Elle faisait le tour des récrés. Et nous dissertions longtemps du Chouchou de la semaine. On n'était pas encore yéyé et on ne connaissait pas le sociologue Edgar Morin, l'inventeur de ce mot tellement dans l'air du temps. Mais on connaissait Daniel Filipacchi, l'animateur de nos fins d'après-midi. Pour un enfant il était rassurant et moins turbulent que les vedettes qu'il interviewait. L'époque était vraiment légère et l'info n'avait pas encore envahi les fins d'après-midi.
Europe 1 c'était vraiment comme un copain. Une amitié "Croix de bois, croix de fer, (si je mens je vais en enfer)". Pour moi qui n'avais personne à qui parler à cette heure-là, quelqu'un me parlait et je comprenais tout. Même si, à part la chanson chouchou ou les autres tubes du moment, j'oubliais très vite les heurs et malheurs des vedettes qui ne se prenaient pas la tête et n'avaient pas envie de nous la prendre.
La pub me rentrait par une oreille et me sortait par l'autre ! Déjà j'avais plus d'attention pour les chansons qui me racontaient une histoire que pour celles qui ânonnaient des yé yé yé. Je n'ai jamais acheté le journal éponyme et l'ai à peine feuilleté si un copain me le prêtait. Mon éducation radiophonique se formalisait car j'aurais pu dire sans hésiter le nom de l'animateur de l'émission, chanter son jingle et raconter plusieurs semaines après une anecdote entendue dans l'émission. Je n'en ai plus aucune aujourd'hui. Mais je suis rentré dans le jeu et le principe du rendez-vous, qui lui, ne m'a plus jamais quitté.
Pour les 60 ans de la chaîne en 2015, j'ai trouvé vraiment classe qu'Ivan Levaï venant s'asseoir au micro dise à la cantonade "Salut les copains" … Ça a été la chose la plus émouvante de cet anniversaire, bien triste et convenu par ailleurs !
(À suivre)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire